Le dégradé afro, autrefois simple coupe de cheveux, a transcendé les frontières de la coiffure pour devenir un symbole puissant dans la culture urbaine. Ce style, qui trouve ses racines dans les quartiers afro-américains des années 70, a évolué pour refléter les dynamiques sociales et politiques des communautés noires.
Aujourd’hui, le dégradé afro est bien plus qu’une simple tendance capillaire. Il incarne l’expression d’une identité, d’une résistance et d’une affirmation culturelle. Les barbiers deviennent des artistes et des conteurs, sculptant non seulement des cheveux, mais aussi des histoires de résilience et de fierté.
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Plan de l'article
Les origines du dégradé afro dans la culture urbaine
La coiffure afro, souvent tressée, reflète l’âge, le clan ou le statut social. Dès les premières heures du commerce triangulaire, l’esclavage a déraciné cette pratique culturelle. Les Africains réduits en esclavage ont été arrachés à leur terre et à leurs traditions, y compris celles de la coiffure traditionnelle africaine.
Le peigne africain, sculpté dans du bois dur ou de l’ivoire, était un accessoire essentiel pour l’entretien des cheveux crépus. Ce rituel a progressivement été remplacé par le peigne européen lors de la colonisation. La coiffure afro est devenue un symbole du Black Power et de la fierté noire, notamment dans les années 50 et 60.
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Madame Walker a joué un rôle fondamental dans la popularisation de la mode conk, une tendance de défrisage des cheveux pour les rendre lisses. Utilisant la congolène, un produit chimique agressif, elle a commercialisé le Wonderful Hair Grower, offrant aux noirs américains une alternative pour transformer leurs cheveux.
- L’esclavage : lié au commerce triangulaire, a affecté la coiffure traditionnelle africaine.
- Peigne africain : utilisé pour l’entretien des cheveux crépus, remplacé par le peigne européen.
- Mode conk : promue par Madame Walker avec le Wonderful Hair Grower.
Dans les années 70, les mouvements sociaux et politiques, incarnés par des figures telles que Martin Luther King et Malcolm X, ont influencé l’évolution du dégradé afro dans la culture urbaine. Le dégradé afro est devenu une déclaration artistique et politique.
L’impact des années 80 et 90 sur le style capillaire afro
Les années 80 et 90 ont vu l’émergence de nouvelles tendances et icônes influençant le style capillaire afro. Le Jheri curl, créé par Jehril Redding, a marqué cette période. Populaire parmi les artistes et les jeunes des quartiers populaires, cette coiffure nécessitait des produits chimiques pour maintenir des boucles définies et brillantes. Michael Jackson, avec son album ‘Thriller’, a contribué à la popularisation du Jheri curl, suivi par des groupes comme N. W. A.
Le high top fade et la culture hip-hop
Le high top fade, une autre coiffure emblématique, a émergé dans le contexte du hip-hop. Public Enemy, groupe phare du rap, a adopté ce style, renforçant son association avec la résistance et l’affirmation identitaire. Spike Lee, réalisateur engagé, a collaboré avec Public Enemy pour son film ‘Do the Right Thing’, ancrant encore plus cette coiffure dans la culture urbaine.
- Jheri curl : créé par Jehril Redding et popularisé par Michael Jackson
- High top fade : adopté par Public Enemy, symbole de la culture hip-hop
Les émeutes de Los Angeles en 1992, déclenchées après l’agression de Rodney King, ont exacerbé les tensions raciales et sociales. Dans ce climat, les coiffures afro, comme le high top fade, ont pris une dimension politique, devenant symboles de rébellion et d’identité. Les artistes et activistes ont utilisé leur apparence pour exprimer des revendications sociales, et ces styles capillaires ont continué à évoluer, influencés par les dynamiques culturelles et les événements politiques de l’époque.
Le renouveau du dégradé afro : entre mode et affirmation identitaire
Ces dernières années, le dégradé afro a connu un renouveau, devenant à la fois une tendance mode et un symbole d’affirmation identitaire. Le mouvement Nappy, contraction de ‘natural’ et ‘happy’, prône le retour au cheveu naturel et connaît un succès croissant auprès des noirs américains et européens. Des célébrités comme Alicia Keys, Solange Knowles ou Oprah Winfrey ont popularisé ce mouvement, renforçant l’idée que la beauté réside dans l’authenticité.
Les événements comme Miss Nappy ou les œuvres littéraires et cinématographiques, à l’image de ‘Peau noire, cheveu crépu : l’histoire d’une aliénation’ de Juliette Sméralda et ‘Good Hair’ de Chris Rock, ont contribué à cette réévaluation des cheveux naturels. Ces plateformes offrent une visibilité et une légitimité à ceux qui choisissent de renouer avec leur texture capillaire originelle.
Figure | Contribution |
---|---|
Alicia Keys | Symbole du mouvement Nappy |
Sibeth Ndiaye | Porte-parole du gouvernement français, arborant ses cheveux naturels |
Chimamanda Ngozi Adichie | Auteur de ‘Americanah’, explorant les thèmes du défrisage et du mouvement Nappy |
Le mouvement Black Lives Matter, fondé par Alicia Garza après la mort de Trayvon Martin, a aussi joué un rôle significatif dans cette redéfinition des standards de beauté. Le port du dégradé afro et des cheveux naturels est devenu un acte de résistance contre les normes esthétiques imposées par la société majoritaire. Les manifestations et les prises de parole publiques ont souvent mis en avant ces coiffures comme un outil de revendication identitaire et de solidarité communautaire.
Le dégradé afro s’inscrit désormais dans un double registre : celui de la mode contemporaine et celui de l’affirmation de soi, marquant une rupture avec les pratiques de défrisage et une célébration de la diversité capillaire.